Bien que non reconnue par les experts en sevrage tabagique, l’hypnose est une méthode de plus en plus plébiscitée par les fumeurs qui souhaitent arrêter. Comment se déroulent ces séances ? Sont-elles efficaces ? Éléments de réponse.
L’hypnose utilisée dans le cadre du sevrage tabagique permettrait de réduire l’envie de fumer en augmentant la volonté d’arrêter ou en focalisant la concentration du patient sur un traitement visant à l’arrêt du tabac. Une seule séance peut suffire, plusieurs sont nécessaire pour certains patients. Selon l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM), le taux de réussite est de 72% un mois après la séance, 63% à deux mois, 45% à trois mois puis 35 à 40% à six mois.
En quoi consiste l’hypnose pour arrêter de fumer ?
Pour un sevrage tabagique, l’hypnothérapeute va utiliser le mécanisme de la suggestion et le concept de l’empreinte. Pendant la séance, le praticien délivre plusieurs suggestions au fumeur : associer par exemple le tabac à l’apparition de nausées, associer l’arrêt du tabac au plaisir de respirer, à l’abandon d’un produit toxique, à une victoire contre la dépendance…etc. C’est au patient de choisir la ou les suggestions qui lui parlent le plus. Concernant le concept de l’empreinte, le thérapeute va focaliser l’attention du patient sur cette part en lui qui désire et a toujours désiré se libérer du tabac, et l’amplifier.

L’AFEHM rappelle que l’hypnose pour arrêter de fumer est efficace aussi bien sur les personnes peu dépendantes à la nicotine que celles qui le sont plus fortement.
L’arrêt du tabac par hypnose repose sur 5 niveaux d’approche différents :
• Suggérer directement au fumeur un changement.• Modifier la perception du comportement de dépendance. • Utiliser l’hypnose pour visualiser l’avenir sans tabac. • Utiliser l’hypnose en technique aversive: tabac = dégoût. • L’autohypnose pour autonomiser le patient dans sa démarche.
Comment se déroule une séance d’hypnose pour arrêter de fumer ?
La première séance débute toujours par un entretien avec le patient pour évaluer son rapport à la dépendance, ses motivations, son environnement professionnel, social et familial, ses éventuelles tentatives passées pour arrêter de fumer et comment il les a vécues. Ensuite la séance peut débuter, elle est personnalisée. L’approche va vraiment dépendre du profil du patient. Si celui-ci voit le tabagisme comme un plaisir, le praticien va tenter de briser cette croyance en amenant le patient à ressentir physiquement les méfaits du tabac (gorge irritée, mauvaise haleine, bouche sèche, souffle altéré…). Pour les patients qui croient que le tabac leur apporte du positif, le thérapeute va leur montrer que le tabac dirige leur vie et emprisonne leur corps et leurs pensées. Les exercices d’hypnose diffèrent en fonction du rapport du patient au tabac.

Une méthode qui ne fait pas consensus parmi les scientifiques
L’hypnose ne fait pas partie des techniques validées pour l’arrêt du tabac. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que « très peu d’éléments, voire aucun, attestent l’efficacité de l’hypnose pour traiter la dépendance à l’égard du tabac ». Même constat du côté de la revue Cochrane qui révèle dans une note de synthèse que l’hypnothérapie n’avait pas montré un effet plus important sur le taux de cessation après six mois que d’autres interventions ou que l’absence de traitement : « les effets de l’hypnothérapie sur le sevrage tabagique proclamés par des études non contrôlées n’ont pas été confirmés par l’analyse d’essais contrôlés randomisés ». Cochrane rappelle en effet que les études mettant en avant l’efficacité de l’hypnose dans le sevrage tabagique ne sont pas assez fiables pour en faire une méthode reconnue.
À ce jour, trois traitements pour arrêter de fumer sont reconnus comme efficaces, peut-on lire sur le site de Tabac Info Service :
• Les traitements substitutifs nicotiniques.• Les thérapies comportementales et cognitives.• Les traitements qui agissent sur le système nerveux central (bupropion LP et varénicline).
Mais bien évidemment, chaque fumeur désirant en finir avec la cigarette est libre de choisir la méthode qui lui semble la plus adaptée, qu’elle soit ou non officiellement reconnue comme efficace.
Sources : Tabac Info Service/ Cochrane/ AFEHM/ OMS.